Quelque chose l'avait alertée, elle n'aurait su dire quoi, mais il n'y avait pas de doute : c'était urgent.
Se levant subitement et saisissant sa cape qu'elle enfila à toute allure, elle ferma la porte de son bureau et dévala les escaliers, sentant sa masse capillaire flotter derrière elle et taper contre ses genoux lorsqu'elle s'arrêta face à une autre porte, celle donnant sur les jardins de Poudlard.
Elle reprit alors sa course et laissa son instinct la guider.
Bientôt, elle s'arrêta, sentant un contact mystérieux au niveau de son troisième oeil.
Oui, c'était là que le message lui serait donné.
Alors elle attendit, s'agenouilla par terre et serrant plus fort sa cape contre elle, car le vent apportait un air frais, inhabituel pour une journée d'été.
Elle eut l'impression d'attendre depuis des heures, mais la divination était un excellent moyen d'apprendre la patience.
C'est alors que les eaux du lac, d'où elle était au bord, se mirent à être ridées, et à onduler mystérieusement.
Ce n'était pas normal, et c'était donc ici qu'allait se jouer quelque chose d'important.
Un cri inhumain retentit, et la jeune professeur se boucha les oreilles de ses mains pour ne pas devenir sourde.
Quelque chose jaillit de l'eau. Une sirène, semblait-il. C'était rare.
Elle fit un effort indicible en enlevant sa cape, retirant ses mains de ses oreilles et mit un pied dans l'eau.
Puis le second.
La sirène l'invitait à la rejoindre pour lui délivrer son message.
Les yeux exhorbités comme lorsqu'elle était prise de visions, l'Irlandaise aux cheveux de feu entra dans l'eau, avança à une lenteur suspecte vers la créature qui se tenait au milieu du lac, et s'arrêta lorsqu'elle fut rentrée à mi-torse.
Quelque chose n'allait pas, encore une fois, mais elle n'aurait su dire quoi.
Et la sirène intensifia son attraction.
Au fur et à mesure que le message lui fut délivré, Aoife pâlit, son teint déjà diaphane virant au cadavérique.
Il fallait que cela cesse.
Elle se mit elle aussi à crier, de plus en plus fort et de plus en plus aigu.
Son propre cri devint bien plus que strident et semblait ne jamais vouloir ni cesser ni baisser de tonalité.
Au contraire, cela s'intensifiait.
Dans son côté conscient, son âme lui criait de revenir à la réalité, mais c'était impossible, malgré toute sa volonté.
Elle avait peur, comme jamais elle n'avait eu peur auparavant, aussi courageuse fut-elle.