Mad Benson [FiNIe!!]

Madeleine July Rachel Benson, dite Mad Benson

L’histoire de Mad commence, pourrait-on dire, en une belle soirée de printemps. Tout était calme, les oiseaux qui dormaient paisiblement ne s’attendaient pas aux cris furieux qui les éveillèrent. Dans ce petit appartement de la banlieue londonienne, un homme et une femme réglaient leurs comptes, et l’onde de choc que produisait cette résurgence de vérité se faisait entendre dans tout le voisinage. Finalement, l’homme sortit en claquant la porte, monta dans sa jolie voiture bien propre, et démarra en trombe. Trop vite. Il ne vit pas la bicyclette qui arrivait par la gauche. Il voulut l’éviter, et fut projeté contre le mur de l’immeuble, cadavre sans vie aux pieds de celle qui ne l’aimait plus. La femme, qui se trouvait à la fenêtre, resta un instant immobile, le regard sans expression, un petit sourire triste posé sur ses lèvres colorées. Puis, s’animant avec une vivacité de chat, elle glissa quelques affaires dans un vieux sac de cuir, puis disparut dans la nuit, délaissant le cadavre de son mari, du père de l’enfant qui devait naître. Où allait-elle ? Suivons un instant cette mystérieuse femme à la chevelure d’ébène, observons-la courir à pas léger dans la nuit fraîche, pour rejoindre le lord flegmatique qu’elle s’apprête à épouser. Cet homme, un dénommé Mr. Henry Benson, est le détenteur d’une propriété de taille respectable, et ne possède pas une richesse mirobolante, mais suffisante pour qu’il puisse, comme il sied à son rang, être dispensé de cette chose infâme qu’est le travail. Là, le mariage eut lieu tranquillement, la famille conciliante ne fit pas même obstacle à cette mésalliance. La seule ombre que laissait paraître parfois ce tableau heureux était le voile sombre qui passait devant les yeux de Madame quand lui revenait le souvenir d’une silhouette, d’un corps sans vie à peine visible dans les ténèbres de cette terrible soirée. L’enfant naquit, finalement, Mr. Benson fit comme si c’était le sien. C’était une fille, à laquelle on donna le joli nom de Madeleine. Enfant d’une famille bien comme il faut, elle grandit calmement, toujours attentive, agréable, pleine d’enthousiasme pour les jeux comme pour l’étude, n’oubliant jamais de dire sa prière ni de faire ses devoirs. Le lord finit par penser qu’il avait réussi à détruire la « mauvaise graine » que lui avait léguée son prolétaire de père. L’enfant était un ange, la vie de la famille était très heureuse. Les premiers doutes de Madeleine, qui acceptait encore de répondre à ce prénom, firent leur apparition dès l’âge de huit ans. Elle était jeune, encore, et ne pouvait pas réellement comprendre, mais elle se demandait d’où venaient ses cheveux roux qui paraissaient tant gêner son père, et qu’il lui demandait constamment de teindre en noir, car le roux était « la couleur du diable ». Elle avait demandé au prêtre si l’on pouvait être un diable à cause de la couleur de ses cheveux. Le vieil homme lui avait affirmé que cela n’avait pas d’importance, que seul comptait ce qu’elle avait en son cœur. Quand elle avait rapporté ceci à son père, il lui avait simplement répondu en lui caressant les cheveux d’un air triste qu’elle était trop perspicace pour son âge. Le temps avait passé, jusqu’à ce que d’autres découvertes transforment ce doute en certitudes. Laissons donc la parole à l’enfant :

C’est à partir de ce moment là que l’enfant avait commencé à changer. Elle était devenue plus sombre, plus masculine aussi. Elle ne parlait que peu, et elle n’osait pas, de peur de contrarier ses parents, de rendre triste celui qui l’avait élevé et qu’elle aimait comme son père, de peur tout simplement d’apprendre des vérités qu’elle préférait ne pas entendre. Elle s’enferma doucement dans un mutisme sombre, ne parla plus, et prit progressivement les traits, le rictus méfiant qui la caractérisent aujourd’hui. Le changement le plus radical qui pût survenir dans son existence ne parvint pas à la dérider.
Madeleine, qui se faisait désormais appeler Mad, avait en effet toujours fait des choses un peu étranges. Il lui était arrivé de réussir sans que personne sache comment à trouver les fleurs les plus rares, à calmer les animaux les plus revêches. Nul n’y avait jamais réellement prêté attention. Mais un jour, une femme étrange, tout habillée en noir et qui portait un haut chapeau très bizarre, apparut à la maison, et commença à parler à Mad et à ses parents, prétendant qu’elle était une sorcière, dotée de capacités surhumaines. Les parents acceptèrent quelques minutes durant la plaisanterie, puis voulurent mettre à la porte cette importune et ses blagues étranges. Ce projet fut rapidement interrompu. En effet, tout en sortant de sa poche un long morceau de bois, la femme murmura quelques mots, et les trois Benson se retrouvèrent soudainement immobilisés, tandis que des lianes apparurent et clôturèrent la porte. Ils furent donc bien forcer de croire les paroles de cette étrange sorcière et de les accepter, et dès lors fut prévu le départ de Mad pour Poudlard, une école dont les élèves apprenaient à exercer la sorcellerie. Elle entama donc une scolarité calme, à l’écart de toutes les histoires qui se jouaient à l’école. Les Maraudeurs et leurs âneries, ce genre de choses, cela ne l’intéressait pas. Elle travaillait beaucoup, ce qui était nécessaire au vu de sa totale ignorance, mais ne s'abrutissait pas complètement. Elle aimait simplement la magie. Ce pouvoir, entre ces mains, toutes ces choses qui lui étaient désormais possibles... Elle voulait toujours maîtriser davantage cette puissance qui la fascinait. Elle s'adapta doucement aux coutumes sorcières, sans s’en étonner ni s’en offusquer, mais sans en suivre vraiment les cours. Elle ne voyait, contrairement à beaucoup d'autres, pas de bonne ni de mauvaise magie. L'important était ce qu'on en faisait, et pour sa part, toutes les formes de pouvoir l'intéressaient. Quant à ses relations avec les autres élèves, elle étaient plutôt calmes. Elle eut bien quelques amis, encore qu’il conviendrait sans doute mieux de les appeler des connaissances, mais elle se brouillait généralement bien vite. Exigeante, trop agressive, les gens la décevaient toujours. Et puis, elle appréciait sa solitude, après tout. Il lui semblait qu’avec ce caractère sombre, elle avait trouvé sa vraie nature, réussi à échapper à l’héritage de celui que, sans vouloir blesser, elle n’acceptait pas comme son père. Ce mal la rongeait. Ce n’est qu’à l’âge de quinze ans, en rentrant de Poudlard, sa quatrième année d’études terminée, qu’elle osa évoquer la fameuse histoire. Dans un moment de conflit comme il en est tant entre une mère et sa fille de cet âge, surtout quand son caractère est si noir que celui de Mad, elle ordonna à sa mère de lui dire qui était son père. La femme, qui craignait cet instant depuis bien longtemps, avoua tout. Comment elle avait connu Jack et l’avait épousée. Comment, enceinte de lui, elle était tombée amoureuse d’un autre homme. Comment, pour le faire souffrir, pour lui montrer son indépendance, elle avait rapidement laissé son mari comprendre qu’elle le trahissait, avant de le contempler supporter, par amour pour elle, par désespoir et un peu par lâcheté, il avait laissé faire, sans rien dire. Enfin, elle lui avait parlé de ce soir de printemps où il n’avait plus résisté, et où elle avait fui, laissant au pied de l’immeuble son mari sans vie dans le cadavre de sa voiture. Elle n’avait pas voulu sa mort, pourtant, elle le jura en pleurant. L’argument n’eut aucun effet sur Mad. Son cœur se ferma. Sa mère, sa mère qu’elle aimait… Non… Sa mère qu’elle avait tant aimée, avait trahi son mari, l’avait torturé, et avait provoqué sa mort. Jamais la jeune fille ne pourrait le lui pardonner. Cependant, elle ne dit rien, ne tenta pas de venger son père, ni de faire à sa mère le moindre reproche. La vie sembla suivre son cours. Mais un jour, c’était à peine un mois plus tard, le téléphone sonna dans la belle demeure des Benson. Monsieur était en voyage d’affaire, et Mad était partie faire du shopping. C’est donc Mary, la mère de la jeune fille, qui répondit. Un policier à la voix neutre lui demanda simplement de venir chercher son enfant au poste. Mad avait en effet volé un bijou dans une boutique de luxe, pas un objet d’une grande valeur _ elle avait même suffisamment d’argent pour se l’acheter ! Elle paya donc, et l’agent accepta aimablement de la libérer. Hélas, la même chose se produisit à nouveau quelques jours plus tard, avec un foulard, cette fois. Mad refusait catégoriquement d’expliquer pourquoi elle volait ainsi. Seule une amitié qu’avait Mr. Benson avec un haut notable lui évita cette fois de passer quelques jours en prison. Finalement, Mary décida d’envoyer sa fille chez un psychologue. Qui, bien vite, diagnostiqua sa kleptomanie. Une maladie mentale qu’il pensa causée par un trouble psychologique, et qui la poussait sans qu’elle puisse y résister à voler certains objets dont elle n’avait pas besoin, sans pouvoir réellement s’en empêcher. Bon. Ca pouvait être embêtant, enfin elle était certaine que ça n’était pas si grave. Elle arriverait bien à se contrôler, maintenant qu’elle était au courant. Hélas, ce n’était pas réellement l’avis de ses parents. Ils décidèrent de la placer provisoirement en hôpital psychiatrique. C’est qu’ils ne voulaient pas d’une voleuse chez eux, et ils craignaient pour leur réputation. Ils pensaient aussi qu’elle guérirait mieux ainsi. Grave erreur. La jeune fille s’enferma toujours davantage dans son mutisme, jusqu’à refuser de parler, de manger, de boire. Ses parents, bien qu’inquiets, acceptèrent donc au bout d’une semaine de grève de la faim qu’elle retourna à Poudlard, où était sa vie, et seul endroit où elle pouvait se sentir bien, loin d’eux, qui étaient la cause de tout, et des médecins antipathiques, désagréables et indifférents. Ce qu’il lui adviendrait désormais, elle s'en souciait assez peu. L'important était là : elle irait, de nouveau, à Poudlard.